#ModeEstah Lit : Le goût de la mode, Textes choisis par Ariane Charton

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Ce mois-ci, David vous propose de découvrir les écrits des grandes figures de la littérature sur la mode. Une manière de remonter le temps et de montrer que la mode a toujours préoccupé ses contemporains.

Le Mercure de France est aujourd'hui une maison d'édition, mais au XVIIème siècle, c'est une revue mondaine où il fait bon d'être publié quand on aspire à une quelconque carrière artistique. Rétrospectivement, cette revue est une ressource pour comprendre le goût de l'époque, mais aussi la hiérarchie des sujets culturels. La mode questionne, de Molière à Zola. Il faut attendre 2017 pour disposer d'un recueil qui ouvre des nouvelles perspectives sur la place de la mode dans la culture.


Manon Renault, 
Journaliste Mode 
Responsable de l'enseignement « Blog » pour Mode Estah
LuxsureURL. 
Nous faisons souvent le lien entre mode et art dans la mesure où l’art influence la mode. Mais qu’en est-il de la littérature ? Existe-il un lien entre les deux univers ?


Mercure de France dans Le goût de la mode nous montre à travers un recueil de 31 textes que la mode influence les écrits. En effet, le recueil est composé de trois différentes parties: Autour de la mode, Fous de mode et Les grands couturiers.
Comme l’indique Ariane Charton dans l’introduction, la mode étant fondamentalement humaine et personnelle, les différents auteurs ont tous des positions différentes vis-à-vis de celle-ci. Certains en font l’éloge, tandis que d’autres décrivent son inconstance.


Dans le camp des auteurs favorables à la mode, Honoré de Balzac (dans Traité de la vie élégante, L’habit fait l’homme) considère la mode comme étant un outil d’analyse sociologique et de la morale. Pour qui sait regarder et analyser les détails, l’identité et notamment le statut social de la personne est flagrante. Nous pouvons également compter sur la présence de Charles Baudelaire qui, dans Peintre de la vie moderne, La beauté des modes, explique la mode comme un phénomène en constant changement, menée par la quête du beau.


Le camp des détracteurs de la mode quant à lui compte la présence de Molière avec Le bourgeois gentilhomme. Dans une de ses scènes, Molière fait la critique du désir de monsieur Jourdain d’être à la mode. Ce désir est par ailleurs poussé à son paroxysme avec le port d’une tenue complètement ridicule suite aux dires du maître tailleur, en qui le gentilhomme fait aveuglément confiance. Montesquieu, quant à lui, critique l’inconstance de la mode qui change trop rapidement et la hiérarchie de la mode (qui découle de la royauté) dans Les lettres persanes. Dans une de ces lettres ( la lettre C. Rica à Rhédi, du 8 de la lune de Saphar, 1717), Montesquieu, à travers son protagoniste, évoque la vitesse à laquelle les tendances évoluent.


Enfin, malgré ces deux prises de position relativement drastiques, certains extraits montrent également des aspects de la mode qui sont encore d’actualité. Par exemple, la rapide fluctuation de la mode est encore très présente aujourd’hui où les collections se succèdent à un rythme frénétique, causé par la Fast Fashion et la capacité d’avoir tout ce que l’on veut quasiment de façon instantanée. Emile Zola, dans Au bonheur des femmes, parle également d’un principe de marketing de base. Celui qui consiste à éveiller chez le consommateur de nouveaux désirs et de profiter de “leurs coquetteries et frivolités” pour pousser à l’acte d’achat.

En conclusion, Mercure de France, par ce recueil nous prouve bien que la mode influe sur la littérature. Les écrivains étant d’abord hommes d’une époque n’y sont pas imperméables et qu’importe leur position au sujet de la mode, ils en parlent. De plus, elle nous montre également que les problématiques contemporaines ne sont pas nécessairement nées récemment mais qu’elles se sont exacerbées.


Une critique de David Cai


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